13. mai, 2022

Quand le climat affole l'agriculture !

Depuis une semaine, les alertes à une sécheresse précoce se multiplient : 15 départements français sont déjà touchés, et depuis le début de l’année on déplore un tiers de précipitations en moins dans l’ensemble du territoire.

Les épisodes de forte chaleur que nous connaissons actuellement, au moment très symbolique des « saints de glace », font par ailleurs craindre un été particulièrement dur.

Dans certains départements déjà durement touchés, comme le Vaucluse, on commence à craindre la pénurie d’eau potable à l’horizon de juillet/août. Des incitations à l’économiser ont déjà été lancées.

Les conséquences sont prévisibles, et il faut s’y préparer. Nous nous souvenons de la terrible canicule de 2003, épisode à l’époque vécu comme exceptionnel, mais promis à se répéter de plus en plus régulièrement ; de façon plus méconnue, la sécheresse peut avoir des conséquences sur les bâtiments, pires que les inondations, provoquant fissures et effondrements ;

Mais l’inquiétude la plus exprimée actuellement concerne l’agriculture :

  • Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, s’inquiète de voir les sols se craqueler – y compris au nord de la Loire.
  • Le ministère de l’agriculture a quant à lui déclaré : « Les cultures d'hiver, comme le blé ou l'orge, qui sont aujourd'hui en phase de développement, commencent à connaître des situations qui vont affecter les rendements ».

À plus court terme, les cultures du maïs, de la betterave et du tournesol, ainsi que de fourrage pour le bétail, sont directement menacées.

Cette menace est réelle. Elle se traduira de façon certaine, au cours des prochains mois, par une hausse supplémentaire des prix, renforcée par l’indisponibilité des cultures ukrainiennes.

Elle fait également ressurgir une angoisse plus sourde, que nous n’avions plus connue depuis la guerre, c’est-à-dire celle de la pénurie et du rationnement alimentaires.

Mais cette fragilité de notre agriculture ; cette inflation et ce spectre de la faim qu’elle provoque ; ne sont pas uniquement imputables au réchauffement climatique – elles sont aussi le résultat de décennies de décisions dans le domaine de l’industrie agro-alimentaire que nous risquons de payer cher.

Une sérieuse crise alimentaire, nous pend au nez, et cette crise se répétera au cours des années à venir si nous ne remettons pas en question maintenant les choix que nous avons faits en termes de politique agroalimentaire ces dernières décennies.

Ces choix sont l’expression d’une idéologie qui provoque une cascade de conséquences :

  • Le triomphe de la monoculture de masse sur la polyculture ;
  • Une perte tragique de biodiversité ;
  • Le recours à des intrants artificiels pour faire fructifier ces cultures en dépit du milieu et du climat ;
  • Et en fin de compte la plus grande fragilité de ces cultures… aboutissant à l’insécurité alimentaire.

Alors, bien sûr, ces choix ne sont pas propres à l’Europe : ils dominent dans tous les pays industrialisés.

Mais l’Union Européenne est l’un de ses plus fervents défenseurs, et c’est cette politique qui aujourd’hui nous place au bord de la crise alimentaire.

Que pouvons-nous faire, nous, à notre modeste échelle ?

Pour résoudre ce problème, qui ne se résume pas seulement une question de quantité (à court terme) mais, à plus long terme, un impératif de qualité et de :

  • Diversité génétique des semences et des plants en général ;
  • Maintien de la polyculture/élevage, adaptée au territoire ;
  • Transmission des usages et savoirs traditionnels.

Mais les réponses « officielles » ne semblent pas prendre cette direction :

  • Erik Fyrwald, le directeur général de l’agrochimiste Syngenta, a dénoncé l’agriculture biologique et appelé à opter pour une agriculture à plus forts rendements face au risque de pénuries alimentaires liées à la guerre en Ukraine.
  • FNSEA : Une chaleur estivale et des nappes phréatiques pas assez rechargées : l’absence de pluie sur l’ensemble de la France menace la croissance des céréales et notamment du blé.
  • • Christiane Lambert présidente FNSEA : « Aucune région n’est épargnée. Chaque jour qui passe, on voit des sols se craqueler. Même dans le Nord, les céréales ont soif. Hier j’étais chez un agriculteur du Puy-de-Dôme, il arrose son blé. Si cela continue comme ça, ceux qui ont la possibilité d’irriguer vont s’en sortir, les autres auront des baisses de rendement dramatiques » et demande la possibilité de multiplier les réserves d’eau en surface…
  • Joël Limouzin, en charge des situations d’urgence à la FNSEA : « La semaine qui s’annonce est digne d’un mois de juillet. Nous sommes très inquiets. C’est une période délicate pour les céréales : le blé a atteint sa taille adulte, l’épi s’est développé et on est maintenant au stade du grossissement du grain. Or, sans eau, l’engrais dont a besoin la plante pour produire un grain de qualité, ne pourra monter dans la tige, il restera dans le sol ».

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