13. févr., 2022

Quelles matières organiques pour quels objectifs ?

On parle souvent d’augmenter le taux organique et/ou d’humus, mais de quoi s’agit-il concrètement ?

- La matière organique labile est le principal aliment des micro-organismes vivants du sol. Le sol abrite plus du quart des espèces animales connues. L’activité de ces organismes assure la fertilité des sols, la qualité de notre alimentation, la pureté de l’air et la qualité de l’eau. On estime qu'un gramme de sol peut contenir 10 milliards de microorganismes, et qu’un hectare peut abriter jusqu’à plusieurs tonnes de vers de terre.

Un sol fertile doit avoir un renouvellement régulier de sa matière organique biodégradable (sucres, cellulose, hémicellulose), pour assurer la circulation des nutriments et maintenir une quantité suffisante de biodiversité microbiologique. Il est donc nécessaire de fournir un apport régulier et important de matière organique labile.

En chimie un composé labile est un composé peu stable.

Le fonctionnement optimal d'un sol requiert du carbone labile dans l'horizon de surface du sol (15 premiers centimètres).

La couche supérieure du sol offre en effet les conditions biologiques optimales : présence d'oxygène, température, présence d'eau mais sans excès. L'horizon de surface est également la zone dans laquelle les plantes viennent principalement chercher eau et nutriments.

On peut répartir le carbone présent dans le sol selon 3 fractions :

• 15% du carbone se décompose en 4 ans,

• 65% en 40 ans

• 20% à l'échelle du millénaire.

- L’humus lui est produit à partir de matériaux ligneux, comme les sarments ou les ceps broyés, la partie rafle et pépins de marc de raisin, une petite partie des couverts végétaux (moins de 10% du carbone produit), les paillages de BRF…

Les couverts végétaux vont influencer en grande partie la fraction de matière organique labile.

Les matériaux ligneux permettront d’enrichir la fraction intermédiaire en humus stable.

La vigne contrairement aux grandes cultures, produit des matériaux ligneux. Certains vignerons, préfèrent les éliminer, les bruler, mais d’autre ont compris l’intérêt de les broyer et de les laisser au sol.

L’agroforesterie, est aussi une approche agroécologique qui va aller dans ce sens. Les arbres introduits dans et autour des parcelles deviennent rapidement une source de matériaux ligneux, profitable à cette production de matière organique plus stable.

Se sont les champignons (mycorhizes), certaines colonies de bactéries et les macro-organismes du sol qui vont permettre la transformation des matériaux ligneux en humus.

La régénération des sols, passe par l’enrichissement du sol simultanément et de façon harmonieuse, avec ces deux sources de matières organiques (labile et stable) complétées par les apports de déjections animales plus riches en bactéries et en sels minéraux...

Cette vie se développe à la surface du sol, elle ne supporte pas les rayons ultra-violets émis par le soleil et encore moins les chamboulements réguliers que provoque le travail du sol.

- Les matières organiques animales sont capables de libérer leurs éléments nutritifs beaucoup plus rapidement. Elles peuvent être incorporées à la culture, à des périodes clés en fonction d’un besoin spécifique, pendant toute la période de remise à niveau du sol.

Elles sont riches en bactéries, parfois en azote et phosphore et autres sels minéraux. Ce sont des sources de nutriments équilibrées qui vont à la fois nourrir la culture et la faune du sol.

En conclusions : pour régénérer un sol, il est important d'avoir une vison globale de son fonctionnement. Il ne sert à rien d'augmenter un élément sans tenir compte des autres. Chaque élément à une fonction spécifique et d'autres secondaires. Le travail du sol inhibe systématiquement tous les efforts déployés...

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